Le 53e otage (Le passeur en Iran)

Ils étaient une trentaine. Hommes nus jusqu’à la taille, visages ruisselants, yeux hagards, couverts de sang. Déjà la terre battue de la petite place se colorait de rouge. Aux exhortations d’un leader occasionnel, les bras armés d’étranges martinets s’abattaient par-dessus les épaules. Cela rendait un son insupportable à la fois métallique et mou. Métallique à cause des lames au bout des chaînes, mou lorsque l’acier rencontrait la chair. Le Passeur éleva le bras au-dessus de sa propre tête, le rabattit sèchement vers l’arrière. La morsure de l’acier impeccablement aiguisé lui fut supportable. Le second coup lui fît plus mal, le troisième arriva dans son dos tandis qu’il cessait de penser... il comprit que cette chose tiède qui coulait dans son dos était son propre sang. [...] La chute du Shah d’Iran. La révolution islamique. L’ambassade des États-Unis prise d’assaut. Les 52 otages “officiels”. Il en existe un autre, dont personne ne peut parler, une femme plongée dans l’horreur des prisons iraniennes. Le 53e otage. Une femme qui devient une véritable bombe vivante, pour l’Iran comme pour les États-Unis. Un seul homme pourra peut-être lui rendre la fiberté : Le Passeur. A moins qu’il ne devienne lui-même la victime de la plus abominable des machinations...