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L'exécutrice
L'exécutrice
Pavel Kohout
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Poète, romancier, auteur dramatique, Panel Kohout est déjà connu du public français par son adaptation pour la scène du Tour du monde en 80 jours (donnée à Paris l’hiver 1979) et des pièces comme Guerre au troisième étage ou Pauvre assassin, par son roman L’Homme qui marchait au plafond, et encore par les Lettres par-dessus la frontière (1968) échangées avec Günter Grass. On a aussi beaucoup parlé, très récemment, de l’“affaire Kohout” lorsque le gouvernement de Prague a déchu celui-ci de sa citoyenneté tchécoslovaque ; et il est intéressant de savoir que l’une des raisons alléguées pour expliquer une telle décision a été justement la publication, en Allemagne fédérale, de ce roman L’Exécutrice, qualifie de “vulgaire pamphlet anti-tchécoslovaque”. Quoi qu’il en soit, L’Exécutrice demeure une œuvre d’une très grande qualité littéraire, incontestablement le meilleur roman de Panel Kohout. Roman qui se lit comme un policier mais qui en même temps, par l’audace de certaines situations et de certaines scènes, peut faire songer à Lolita. Avec, en toile de fond, la cruauté scientifique et pour ainsi dire “administrative” d’un régime totalitaire, bien que Kohout aille ici au cœur des tendances les plus générales à la barbarie, fut-elle “à visage humain”. La petite Lizinka, délicieusement vierge et docile, et qui se voit appelée, faute d’aspirations ou d’aptitudes bien précises, à devenir ‒ égalité des sexes oblige ! ‒ la première femme bourreau du monde, nous est en effet incroyablement proche. Et même, dangereusement sympathique, comme au demeurant tout cet univers de mères insatisfaites et de pères humanistes, de professeurs sentencieux et lubriques, qui s’acharne à la pervertir sous les plus nobles prétextes. Pourtant, tout au long de cette histoire si brillamment imaginée et menée de main de maître, c’est la mort qui s’avance sous la séduction blonde de Lizinka, c’est la mort que celle-ci apporte à ses soupirants exacerbes qui se tuent ou s’entre-tuent pour elle, c’est la mort qu’elle apprend à donner… Et la fascination qu’exerce sur nous, passe le premier haut-le-corps, le catalogue détaillé (et authentique) des supplices les plus raffinés infligés par l’homme tout au long de son histoire, cette fascination même nous convainc que Pavel Kohout a conçu là, en héritier roublard de Kafka, un mythe à l’exacte mesure de notre temps :le mythe de la rationalisation et banalisation de l’horreur.
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