Main
La Vouivre
La Vouivre
Aymé Marcel
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Derrière la vipère apparut une fille jeune, d'un corps robuste, d'une
démarche fière. Vêtue d'une robe de lin blanc arrêtée au bas du genou,
elle allait pieds nus et bras nus, la taille cambrée, à grands pas. Son
profil bronzé avait un relief et une beauté un peu mâles. Sur ses
cheveux très noirs relevés en couronne, était posée une double torsade
en argent, figurant un mince serpent dont la tête, dressée, tenait en sa
mâchoire une grosse pierre ovale, d'un rouge limpide. D'après les
portraits qu'on lui en avait tracés et qu'il avait crus jusqu'alors de
fantaisie, Arsène reconnut la Vouivre.
Courant après une vipère qui le nargue, Arsène Muselier rencontre au
bois celle qu'en patois jurassien on appelle la Vouivre, la
Fille-aux-serpents, dont le front s'orne d'un rubis fabuleux qu'elle ne
pose que pour se baigner. Malheur à ceux que tente le bijou : les
serpents les dévorent.
Arsène a vu le rubis, mais la baigneuse l'intéresse plus encore, ce qui
séduit la Vouivre par la rareté du fait. Lui se montre prudent car il
craint pour son âme et, d'ailleurs, il aime Juliette Mindeur. La Vouivre
pourchasse partout le récalcitrant. Le pays s'ameute, les convoitises
s'allument - tandis qu'Arsène suit son petit bonhomme de chemin.
Mais ce garçon réaliste est aussi un tendre et quand, après le trépas du
fils Beuillat, la petite Belette est en danger, il brave sans hésiter
l'armée des serpents.
Ainsi finit cette histoire aussi réelle que fantastique où l'on voit un
curé sceptique, un radical croyant, une " dévorante " pleine d'innocence
et bien d'autres gens encore.
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