L'abre à palabres

Ce roman est à la fois un récit d'aventure, mais aussi un conte philosophique.ExtraitLa nuit fut longue. De temps en temps, à la demande de son ami, il allumait sa lampe de poche pour rompre l'obscurité et reprendre des repères. Ensemble, ils s'efforçaient de parler pour éviter de s'engourdir et de s'endormir. Le froid toutefois les transperçait jusqu’aux os. Ils avaient beau se frictionner, faire des flexions, taper dans leurs mains pour se réchauffer, rien n’y faisait. Leur cerveau lui-même semblait se paralyser.La chaleur étouffante écrasait le désert. Le soleil était au plus haut de sa course. Zorah savait que l’eau lui était comptée et qu’elle ne tiendrait pas longtemps. Elle pensait à Yao, qui se trouvait dans la même situation s’il avait pu échapper à l’emprise de la nuit glaciale. « Pauvre Yao ! » se disait-elle, les yeux noyés de larmes. Son esprit divaguait. Elle ne cherchait plus vraiment la trace de son ami. Ses forces l’avaient abandonnée ; mais ses yeux se portaient malgré elle sur chaque irrégularité du sol. Il avait déjà affronté les feux de la brousse, bravé les mystères de la forêt, écumé l’océan, vaincu le grand désert. Il avait travaillé dur, fait toutes sortes de rencontres, heureuses et malheureuses. Il avait reçu l’hospitalité de la part d’étrangers, et avait erré dans les rues des grandes villes comme un vagabond. Il avait connu l’hostilité et la méfiance, l’amitié et l’amour.Mais Yao restait semblable à lui-même.